Adultes

I. Être adulte Dys

Le Professeur Michel Habib lors d’une session à l’Académie Nationale de Médecine en juin 2015 a indiqué que les troubles DYS « concernent environ 6 à 8 % d’adultes, dont 4% toujours très gênés par leurs troubles». Pour l’Ille-et-Vilaine dont 765 000 habitants ont plus de 20 ans, cela représente plus de 30 000 adultes porteurs de troubles DYS gênés par le trouble.

Il existe encore peu d’études sur l’adulte dys :

  • Très peu d’adultes ont pu être pris en charge en rééducation pendant l’enfance
  • La dyslexie, la dysorthographie étaient considérées il y a quelques dizaines
    d’années comme les troubles majeurs
  • Il n’est donc difficile de définir si le déficit phonologique pourrait être secondaire à un autre déficit.

Dans une étude sur l’adulte dyslexique M Colé (CNRS) révèle que, par rapport aux procédures d’identification de mots écrits, on observe une persistance des déficits affectant les voies phonologique et lexicale. « Les troubles visuels provoqueraient notamment des troubles de fixation binoculaire et les déficits cérébelleux qui empêcheraient l’automatisation de la lecture. Les déficit phonologiques sont centraux, mais peuvent toutefois être associés à d’autres déficits ». Ce qui pose la question de la cause et de la conséquence.

Une enquête réalisée par le CNRS et l’Université de Lyon montre les conséquences psychosociales de l’impact de la dyslexie à l’âge adulte.

Elle montre que la dyslexie chez l’adulte est mal connue, mal comprise, mal acceptée, souvent considérée comme une déficience intellectuelle. Ce trouble est encore trop considéré par une majorité de personnes comme un trouble de l’enfance. Cette enquête a pour objet d’évaluer l’impact de la dyslexie chez les adultes sur leur qualité de vie à différents niveaux : Psychologique, Emotionnel, Social, Rapports familiaux et Satisfaction de vie. Il en résulte en synthèse :

  • Envie d’aider 27 %
  • Manque de confiance 26%
  • Force 25 %
  • Difficulté de contact social 11%
  • Honte 11 %

Les réponses montrent que les conséquences des troubles ont diminuées, mais qu’elles sont encore invalidantes à l’âge adulte.

L’orthophoniste Béatrice Sauvageot, fondatrice de l’association « puissance dys », explique :

« Si un adulte est diagnostiqué tardivement, il a déjà mis tellement de compensations en place qu’il est au-delà de l’épuisement. Il faut donc aller tout doucement, enlever les « mauvaises herbes », refaire un peu le ménage dans le cerveau… Parce que finalement, ça devient une jungle et ils ne s’en sortent pas.

J’ai découvert des enfants et des adultes désespérés, systématiquement trahis par la lecture. Les lettres dansent devant leurs yeux, ils déchiffrent péniblement, confondent le sens des mots. Dans notre société fondée sur l’écrit, c’est très invalidant et vécu avec un sentiment de honte. On les traite injustement d’idiots ou de paresseux. Beaucoup sont blessés profondément, paralysés par la peur. Dès qu’ils saisissent un crayon, c’est une humiliation. Ils ont l’écrit muet, fauché. Ils vivent leur dyslexie comme un handicap. »

Elle a créé un centre pédagogique, thérapeutique et de recherche totalement innovant, avec une équipe pluridisciplinaire, pour sortir les dys de la spirale de l’échec. (le figaro.fr)

Béatrice Sauvageot, l’orthophoniste qui révolutionne l’approche de la dyslexie